Au Tibesti (4) camping « toubou style »
Là nous pénétrons dans l’enceinte du campement entourée d’une haie de palmes et restons émerveillés par la paix qui s’en dégage.
Des zéribas ou huttes en roseaux alternent avec les tentes igloo bleues, tout autour d’un jardin potager formé d’une mosaïque de minuscules carrés de terre d’où surgissent quelques pousses vertes. Près de l’entrée, un puits à balancier et un grouillement coloré de femmes et d’enfants peu effarouchés et bavards. Quelques palmiers, des mimosas sauvages étendent leurs ombres sur le réfectoire et la cuisine, tentes allongées construites à la mode Toubou d’un entrelacs de branchages soutenant des nattes. Il y a même une salle de douches à toit ouvert et des arbres couchés qui peuvent servir de bancs. Les cases de la famille d’Edeye le cuisinier et de Barkaï le gardien sont encloses dans le camp.
L’arrivée de l’avion est un évènement. Les femmes du village, dont certaines d’une grande beauté, anneaux dans l’aile du nez, chevillières et bracelets d’argent, arborent leurs plus jolies toilettes, paradant sous des parapluies multicolores passés à l’usage d’ombrelles. Une petite fille porte sur un bras un bébé et en équilibre sur la tête un bol rempli de cailloux. Nous voulons la photographier mais en une seconde le bol se renverse sur la tête de l’enfant qui se met à hurler ! Les fillettes ont des poupées extraordinaires, le corps en bois recouvert de chiffons, la tête en datte et les nattes en ficelle noire. A la nuit tombante les élégantes dansent à petits pas une ronde lente jusqu’à accomplir un cercle presque parfait, levant un bras au rythme du tam-tam du forgeron.
Il est inutile de chercher une porte aux zéribas, il n’y en a pas. Aussi choisissons-nous en vue du froid nocturne une tente plus confortable, de prime abord, mais qui nous jouera le tour de se dégonfler. Un adorable gamin de quatre ans, flottant dans son boubou décolleté, porteur d’une crotte embrasée qui doit servir à allumer un feu, nous réveille dès six heures du matin pour réclamer un bonbon. Il a gelé pendant la nuit, la glace a pris dans la cuvette. Nous attendons la venue du soleil. Barkaï s’allonge face contre terre pour la prière.
L’avion passe en rase-mottes à quinze mètres au-dessus du camp, battant de l’aile pour un dernier adieu auquel nous répondons en agitant nos bras. Désormais nous restons seuls, loin de tout. Paris est à cinq mille kilomètres !
Nous apprenons à dire bonjour : « cala a », ça va bien : « boudi gali », ça va très très très bien : « boudi boudi boudi gali ». Les salutations en langage Toubou ressemblent à des litanies : « ça va ta mère, ton mari, ton oncle, ta cousine, ça va toute ta famille, et ta sœur ? » Rien que par plaisir nous les répétons à « toubou d’champ ».
Une mère débarbouille le visage de son jeune enfant avec l’eau d’une calebasse et termine sa toilette sommaire en lui mouchant le nez entre ses doigts mouillés. Juste derrière le camp s’ouvre le jardin de Lamaye, notre guide Toubou. Il passe une partie de sa journée à puiser l’eau, un dur labeur, pour arroser le blé et les tomates auxquelles il nous fera goûter précieusement. J’ai vu des norias fonctionner au Maroc activées par des chameaux ou des ânes, à Djanet par des zébus mais ici c’est l’homme qui remplace la bête. Sa fille pile consciencieusement le mil et en tamise la farine. L’intermède du thé est de rigueur.
Un message d’un habitant de là-bas :
« Vous les occidentaux. Faut nous aider vous savez Que nous sommes souffrants faite en quelque sorte de dire aux ONG pour nous aide,dans l’éducation,santé,et de l’eau »