Les voyages de Danae au Sahara, en Asie et ailleurs

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Le Cap Sizun autrefois raconté par Blandine Meil (14/14)

Classé dans : BRETAGNE — 27 février, 2016 @ 8:59

A Kerscoulet dans les années 1930 et 1935 

En regardant «Rendez-vous en terre inconnue» , en réfléchissant à ces peuples africains et autres coins de la planète, vivant en autarcie, se suffisant presque à eux mêmes, je me suis vue à kerscoulet dans les années 30, 35.

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Une ressemblance avec ces peuplades  de l’Inde ou de l’Afrique, c’était la nourriture sur la table. Le soir nous mangions de la bouillie de froment ou de seigle, ou de blé noir, suivant la saison. On la cuisait dans l’âtre sur un trépied dans une marmite en fonte.  Juste du lait et de la farine. Lorsqu’elle était cuite on déposait la marmite  sur un sous plat en bois, au centre de  la table. Ce jour-là on ne mettait pas d’assiettes.   Chacun avait  sa cuillère et un bol de lait. Maman déposait un gros morceau de beurre au centre de la bouillie. Nous prenions une cuillerée de bouillie dans le bord et la plongions dans le beurre fondue ensuite. Puis, nous la trempions dans notre bol de lait froid  avant de l’avaler. Le lait pouvait être, soit du lait de beurre ou du lait caillé. La sensation entre le chaud de la bouillie et le froid du lait était délicieuse.

Pourquoi n’avions nous pas d’assiettes ce jour-là ? je crois que c’est par souci d’économiser l’eau de lavage de la vaisselle. Car l’eau était utilisée parcimonieusement puisqu’il fallait la tirer du puits et la ramener dans la maison par seaux  de dix litres. Pour le lavage des mains après le repas nous utilisions une bassine émaillée. Cette eau était récupérée ensuite dans la chaudière qui servira à faire la pâtée du cochon, mais seulement si nous n’y avions pas mis  de savon.

L’eau savonneuse qui avait servi à notre toilette du matin était déversée sur  le tas de fumier, rien ne se perdait. Les os des viandes que nous mangions,  lapins, cochons ou boeufs  les arêtes de poisson, tout finissait là par se désagréger. C’était le compostage du temps. Tout ce que les bêtes, vaches, cochons ou poules ne mangeaient pas  finissait en compost sur le tas de fumier…. Et ensuite, ce fumier ira engraisser le champ où pousseront de retour, le blé, les légumes etc…

Un grand MERCI à Blandine MEIL

pour ses récits si passionnants.

Le Cap Sizun autrefois raconté par Blandine Meil (13/14)

Classé dans : BRETAGNE — 24 février, 2016 @ 9:03

L’école à Primelin en 1930 

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Savais-je déjà le nom des mois en français ? probablement  car j’avais saisi tout de suite le principe. Il faut dire qu’à la maison nous parlions le breton. 

En cette année 1930 madame Fablé enseignait la petite classe, où il y avait 2 divisions .

Puis il y avait la deuxième classe avec deux autres divisions. Là c’était la classe de Madame Quillivic

Ah ! les dates des batailles de l’histoire de France !, la révocation de l’Édit de Nantes ,les guerres de Napoléon… retenir les noms des présidents de la république qui ont succédé au roi Louis Philippe…Thiers, Mac Mahon, Doumer et Doumergue et retenir les dates de leurs mandats ? à huit et neuf ans c’était beaucoup pour ma petite cervelle!

Puis me voilà dans la classe des grandes, la classe du certificat d’études primaires que j’obtiendrai au bout des deux ans.

Une image fixe me revient souvent. C’est celle du tableau noir, mobile que l’on plaçait dans un coin de la classe où en dessous se trouvaient alignées une vingtaine de paires de sabots de bois. Aujourd’hui encore je me demande comment nous faisions pour reconnaitre notre paire de sabots car ils se ressemblaient tous. Le plancher de la classe était en bois et nous portions dans nos sabots des pantoufles en feutre quand ce n’était tout simplement des chaussons fabriqués maison.

La classe n’était chauffée que quelques jours de l’hiver, par un poêle à charbon qui mal installé répandait la fumée dans la classe  et nous faisait tousser, obligeant Madame Fablé à ouvrir la fenêtre quelque peu. Aussi dans les périodes de gel du mois de Janvier nous pouvions porter nos sabots de paille tressée. Les nôtres étaient faits maison par tante Anna qui cueillait elle-même les herbes longues  (broën) . Elle les tressait, moulait ces chaussures et les garnissait  de peaux de lapins. Ça tenait nos pieds au chaud…

Le Cap Sizun autrefois raconté par Blandine Meil (12/14)

Classé dans : BRETAGNE — 21 février, 2016 @ 8:51

Le vendeur de couvertures et de draps 

Un autre genre de vendeur mérite aussi mon souvenir.  C’était un Algérien ou un Tunisien. Il arrivait les épaules chargées de draps couvertures, couvre-lits, quelques tapis pour descente de lit. Il vendait les draps à la douzaine: 

moins cher, moins cher répétait-t-il  si tu prends la douzaine Madame.  Avec lui il fallait marchander et parlementer pour descendre les prix. Le paiement se faisait toujours argent comptant .

Les enfants le suivaient  par toutes les rues du village. Il était toujours nu-pieds dans des sandales. Des bracelets d’or aux poignets et vêtu de sa djellaba. Nous n’étions pas habitués à voir  les hommes habillés de la sorte.

Il faisait le chemin à pied d’Audierne jusqu’à Plogoff, en s’arrêtant dans les villages. Nous le voyions arriver une fois par année.

C’étaient tous des gens qui travaillaient très forts pour gagner leur vie ! Et nous les enfants nous apprenions qu’il y avait d’autres modes de vie en dehors de notre village.

Le Cap Sizun autrefois raconté par Blandine Meil (11/14)

Classé dans : BRETAGNE — 18 février, 2016 @ 9:04

 Le vendeur de café 

Un autre vendeur  itinérant est digne aussi de mention. C’est le planteur de Caïffa !  C’était un vendeur de café mais qui offrait aussi du thé, des biscuits, épices, farine ainsi que des produits non disponibles dans nos campagnes. Le tout aux armes du «planteur de Caïffa».

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Le «Caïffa» comme on l’appelait, avec son uniforme  vert-bouteille et sa casquette à visière portant le nom de la maison  était très populaire.  Dés que l’on entendait son klaxon, reconnaissable  entre tous et à nul autre pareil, les gens accourraient  vers le haut du village où il stationnait sa voiturette, faite d’un grand caisson  et tirée par un cheval.

Les enfants surtout attirés par la curiosité et surtout par les bonbons que le planteur ne manquait pas de leur offrir étaient les premiers arrivés sur le lieu.

La plupart de ses marchandises, telles le café, le thé, les biscuits se trouvaient bien alignés sur les étagères de son caisson   dans des boites multicolores, toutes au nom de Caïffa. Certaines de ces boites se retrouvent encore aujourd’hui dans les brocantes .

Ce personnage si intrigant pour les enfants avec sa voiturette et sa panoplie de produits  a disparu du paysage  dans les années 39/40. À la fin de la guerre les charcutiers et  les boulangers de nos bourgs ont pris le même chemin et sont venus en voiture automobile offrir leurs marchandises jusqu’aux fermes éloignées.

Pour fidéliser ses clients, le « Planteur de Caïffa » invente les timbres fidélité que les paysannes collent méticuleusement dans un petit carnet et qui une fois rempli, s’échange contre quelques objets peu onéreux (assiettes, serviettes etc..). Le carnet de timbres est généralement conservé comme un objet précieux ou un livret d’épargne.

Le Cap Sizun autrefois raconté par Blandine Meil (10/14)

Classé dans : BRETAGNE — 15 février, 2016 @ 8:39

Les marchands ambulants en trois épisodes

La vendeuse de sardines

Dans notre campagne rurale retirée, rares étaient les marchands ambulants. Nous les voyions arriver surtout en été. Trois d’entre eux me restent encore en mémoire.

 Le premier c’est une femme que nous appelions Ti-Philomène.  La vendeuse de sardines.

Elle pouvait arriver à n’importe quelle heure du jour. C’était selon la marée et la rentrée au port  des pêcheurs de sardines.

Elle arrivait d’Audierne avec sa petite charrette à bras qu’elle tirait derrière elle, pleine de glace qui fondait et coulait le long du chemin et remplie de cageots de sardines fraichement pêchées par les sardiniers d’Audierne. Elle parcourait ainsi les villages du cap Sizun.

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 Quelquefois les sardines surtout en été avaient les yeux vitreux et les ouies brunes. Elle-même plus trop fraîche et difficile de lui mettre un âge, ni jeune, ni trop vieille, longue, élancée et maigre. Elle portait un tablier dans lequel elle s’essuyait les mains après avoir touché aux sardines. De bleu pâle, il tournait au gris foncé. Elle essayait ensuite de replacer ses cheveux collés à son front et qui sortaient de son foulard. 

Nu-pieds l’été dans les chemins caillouteux, tout en tirant sa charge, d’un pas rapide elle courait plus vite qu’un cheval au petit galop. En ligne directe  d’Audierne à Primelin  il y a environ 6km. Il faut compter en plus la distance de la route nationale jusqu’aux villages ainsi que les allers et retours. C’était une championne de la marche, mais attelée à sa charrette ! Un personnage inoubliable.

«Saaaaardines fresk, saaaaardines fresk» lançait-elle en arrivant dans les rues de Kerscoulet.

C’est qu’elle avait déjà fait plusieurs villages avant d’arriver au nôtre!. D’autres fois  plus matinale , nous avions la chance d’avoir des sardines toutes fraîches. Elle vendait aussi des maquereaux ou des congres, des rougets, des vieilles ou autres selon la saison mais c’est le cri de :«Saaaaaarrrdines fresk, saaaardines fraîches» qui me reste en mémoire.

Certains disaient qu’elle était veuve de marin et qu’elle gagnait ainsi sa vie ! Mais personne ne savait trop bien ce qu’elle avait vécu avant de faire ce métier ! Femme sans âge et pleine de courage ainsi que tant d’autres, je vous décerne une mention spéciale dans  les cahiers de mes souvenirs.

Le Cap Sizun autrefois raconté par Blandine Meil (9/14)

Classé dans : BRETAGNE — 12 février, 2016 @ 9:47

Le Pardon 3/3

Une autre tâche nous était dévolue, à nous les enfants du village, c’était la décoration de la route. Les bas-côtés de celle-ci ayant été élagués de toute broussaille par les fermiers riverains, nous ramassions les feuilles de roseaux par brassées que nous étalions de part en part sur le chemin. Puis nous allions cueillir toutes les fleurs que nous pouvions, pâquerettes, jonquilles, narcisses et nous les disposions en rosaces  ou en croix plus ou moins espacés  selon notre cueillette.  Les pèlerins suivant la procession venant du bourg avec croix et banières, sentiront l’accueil chaleureux des  gens de Kerscoulet.

Les façades des maisons seront rafraichies au lait de chaux. Les petites cours bien balayées et jusqu’au fumier qui d’habitude garnit le fond de la cour aura été transporté dans les champs. Comme on disait dans le village :« On n’est pas riche mais propre.»

Chaque petit geste avait son importance, pour la fierté des gens de ce village sans commodité aucune, la seule eau courante  était celle du Steir qui coulait en abondance. Celle des puits était réservée à l’usage domestique.

Le dimanche précédent, Monsieur le Recteur aura nommé en chair les jeunes gens qui porteront les bannières. Tout un honneur !

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J’ai été nommée l’année de mes seize ans. C’était pour nous un bonheur aussi grand  que de paraitre à la télévision de nos jours. Tous les regards seront braqués sur nous. Quand je dis« tous» cela implique ceux des garçons  de notre âge  en quête d’ une blonde, d’une probable fiancée.

Grand-messe à dix heures, suivi du festin dans les chaumières . Soupe, rôtis, blanquettes ou ragoûts assez arrosés parfois. Pas trop car il faut descendre jusqu’à Saint-Chrysante pour les vêpres et la procession vers les deux heures … Croix et bannières en tête iront en chantant les cantiques ou les litanies sur la route qui serpentait assez loin de la chapelle. J’aimais entendre l’écho qui  répétait nos chants . «Maaagnificat anima mea dominum»!!! Un dernier tour dans nos chaumières  pour se régaler du far aux pruneaux et du far de riz, du bon café avec un doigt de cognac pour les adultes et la parenté s’en retournera le ventre plein et des nouvelles à rapporter à leurs voisins.  

 

Le Cap Sizun autrefois raconté par Blandine Meil (8/14)

Classé dans : BRETAGNE — 9 février, 2016 @ 8:43

Préparation du Pardon 2/3

Autour de la chapelle , les hommes du village creuseront des canaux  afin  d’irriguer l’eau vers les prairies  et assécher ainsi la route par où passera la procession.

Il y aura aussi les invitations  à faire à la parenté habitant les paroisses voisines. Invitations qui se faisaient en personne . J’accompagnais Maman le dimanche précédent puisqu’il s’agissait d’inviter mon parrain demeurant à Goulien. Quatre kilomètres à pied à l’aller et  autant au retour par les chemins creux à travers la vallée qui embaumait en ce mois de mai.Les marguerites et les pâquerettes, les boutons d’or et les ficaires, les narcisses et les jonquilles nous savions les  différencier  et les nommer autant en fraçais qu’en breton.«… La pâle violette en son réduit obscur, timide essaie au jour son doux regard d’azur…»

Nous n’avions pas vu la tante Marie  depuis une année. Mon parrain absent, pratiquait le même métier que mon père,  la pêche hauturière. J’étais contente de voir mon cousin Jean qui avait mon âge. Le temps d’un café et d’une tranche de pain beurré, l’invitation en bonne et due forme lancée pour le dimanche suivant, nous repartions un peu plus fatiguées qu’à l’aller. La tante Marie nous accompagnait jusqu’à la sortie du bourg; Politesse exige!. Et à dimanche prochain!

Il fallait aussi penser à nos toilettes. Si j’avais trop grandi, je pouvais compter sur une robe neuve ou tout au moins un chapeau ou des souliers. Quant à nos mères elles sortiront  leurs plus belles coiffes  de l’armoire, celle avec le plus de broderie pour un dernier coup de fer afin d’être prête le jour même.

La veille du pardon, il y avait le far aux pruneaux à faire cuire chez le boulanger Cissou, à Rugolva.

C’était toute une expédition. Le transport du lait dans un broc, la terrine en terre cuite sous le bras, maman nous  chargeait de la farine, sucre, pruneaux, vanille et le soupçon de canelle, sans oublier la cuillère de bois  pour mélanger le tout. La cuisson se faisait  dans le four après la sortie du pain. Les terrines se ressemblant, chaque ménagère avait marqué la sienne,  soit d’une encoche  ou d’un signe quelconque. Le riz au lait nommé aussi far de riz était cuit de la même façon. Ce riz, servi froid avec de la crème ou tranché au couteau et revenu dans du beurre!!! Mium mium! quelle saveur! J’ai beau essayer la même recette, je ne retrouve jamais la consistance ni le goût de ces fars cuits dans le four du boulanger.

Le Cap Sizun autrefois raconté par Blandine Meil (7/14)

Classé dans : BRETAGNE — 6 février, 2016 @ 9:07

La chapelle de st Chrysanthe en trois épisodes

Présentation de la chapelle 1/3

Notre fierté à nous, gens de Kerscoulet, c’est notre chapelle située à mi-colline dans le roz, à l’abri d’une pente rocheuse;  Sise là comme si on s’était servi des moellons tirés de ce roc pour l’ériger.

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La route qui y mène est un chemin vicinal étroit qui dessert les  villages tout au long du Steir, donc fréquentée aussi par les bêtes pour aller aux prés.

Beaucoup d’eau et de boue l’hiver ainsi qu’au printemps quand les sources jaillissent.

La chapelle érigée en  1856 du temps de Messieurs Guéguen recteur et Dagorn Maire de Primelin, autour d’une fontaine -parc ar feunteun goz-  abrite deux statues anciennes  dont on ignore la provenance. Les régistres  municipaux et paroissiaux de cette époque étant égarés, l’histoire de la construction s’est perdue.

Seules les inscriptions dans le granit au fronton de la porte nous rappellent l’origine. C’est une bâtisse de quatre mètres sur dix environ surmontée d’un clocher. Un toit d’ardoises bleues coiffe le tout.

Deux fenêtres latérales en ogive diffusent la lumière dans le choeur. Une grande porte en arche habille la façade. L’intérieur est très sobre; un modeste autel en bois surmonté de la statue du Saint. Le choeur proprement dit a un plancher de bois.Une balustrade ajourée  sépare le choeur du reste de la chapelle dont le sol est en dalles de granit. Deux bancs de chaque côté complètent le mobilier.

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La curiosité de ce lieu est la fontaine au centre, face à la porte. Bien maçonnée dans le fond et faite en hauteur de belles pierres de taille en  granit. C’est dans cette fontaine que niche la deuxième statue  que nous appelions le petit Saint-Chrysante. Il veille là sur l’eau guérisseuse des douleurs rhumatismales.

Le pardon est fixé au dimanche  avant l’ascension. Une semaine avant cette date, le village entier est en effervescence. On ouvre tout grand les deux battants de la porte afin d’aérer et de laisser entrer le soleil. On vide la fontaine de son eau ainsi que des algues accumulées durant l’hiver. Les dalles recouvertes aussi de mousse verte seront balayées  avec des balais de jonc. 

Le Cap Sizun autrefois raconté par Blandine Meil (6/14)

Classé dans : BRETAGNE — 3 février, 2016 @ 9:10

Une carte postale amusante 

Un jour, maman reçoit une carte postale de papa, superbement colorée et rigolote. Ce que papa avait écrit en arrière, je ne m’en rappelle nullement. La carte représentait un petit garçon vu de dos, coiffé d’une casquette posée de travers sur une épaisse chevelure blonde, les mains dans les poches, un vrai gavroche.  Imprimé en gros caractères:  As-tu déjà vu Dieppe ? Baisse ma culotte et tu la verras !

En effet, il suffisait de tirer sur une languette placée à la taille du gamin et un accordéon d’images de Dieppe se dépliait. L’église, la mairie, les rues commerciales, les monuments, le port. Rien d’impudique là-dedans.

L’espiègle Blandine, subtilisa la carte cocasse et la montra à ses amies durant la récréation. Mais les institutrices, en ce temps-là, du haut des marches de l’école surveillaient la marmaille. Quel est donc ce rassemblement? que font ces petites filles têtes-à têtes en ricanant hi hi hi ! tout en jetant  un regard en coin vers les maitresses !

Madame Fablé la directrice s’approche, saisit l’objet et Blandine de baisser la tête. Après avoir lu la carte, elle me dit: ta mère sait-elle que tu as emmené cette carte à l’école ? Rosalie, ma soeur ainée fut chargée de rapporter le délit à maman. Aïe ! mes fesses. J’ai reçu des coups de martinet. Maman avait surtout été vexée que son courrier personnel ait été lue par madame Fablé.

Et voilà pourquoi 80 ans plus tard, je me rappelle encore de ma première lecture «érotique» contenue dans ces mots:

As-tu vu Dieppe? Baisse ma culotte et tu la verras !!!!

Le Cap Sizun autrefois raconté par Blandine Meil (5/14)

Classé dans : BRETAGNE — 31 janvier, 2016 @ 8:50

Le navire échoué 

 

Printemps 1937. Toute la nuit le vent a hurlé. La corne de brume de la Pointe du Raz aussi.

Petit matin habituel. Maman prend le seau et s’en va à l’étable, traire la vache. Moi, j’ai la tâche de faire le café. Je mets du bois sec dans le foyer de la cuisinière, je craque l’allumette et la glisse sous le bois. Le vent fait un retour dans la cheminée et ramène la fumée  vers mon visage. Je me frotte les yeux, puis je souffle sur le foyer. Enfin la flamme jaillit. Bientôt quand l’eau bouillira, je la puiserai avec une louche pour arroser le marc de café. Quand maman reviendra de la crêche avec le lait, elle pourra boire un bon bol de café noir.

Au moment où je verse la première louchée d’eau sur le marc, j’entends un bruit de sabots d’homme qui approche. Du seuil de la porte une voix appelle:

Jeanne es-tu là ? Elle trait la vache lui dis-je!

C’est notre voisin Yvon Moallic. La sirène cette nuit dit-il était celle d’un navire échoué à Pors tarz. Je m’en vais faire un tour là-bas et je vous rapporte les nouvelles.

 J’écoute, j’observe, je suis émue. Un bateau à la côte ! un bateau naufragé avec des hommes à bord ? Et je pense à mon père, lui aussi quelque part en mer sur son chalutier.

Une fois mon petit déjeuner avalé, je pars pour l’école. Prends ton capuchon me dit maman- nous ne disions pas encore imperméable- Le temps n’est pas sûr, les nuages viennent de l’ouest. Chemin faisant, je rencontre mes compagnes du village. Ensemble nous nous dirigeons vers le bourg où se trouve l’école.

D’autres écoliers venant des villages voisins  nous entrainent en arrière de l’église. Venez nous disent-ils, on le voit de là-bas. En effet, lorsque nous arrivons sur un monticule en arrière des maisons, une vue insolite s’offre à nous. Là-bas à la côte, deux grosses cheminées noires de bateau sont visibles, on les dirait même sur la terre ferme parmi les arbres.

Je suis toujours angoissée ! Quel est ce bateau demandai-je? C’est «La Nièvre» Il transporte du pétrole parait-il.

 Nous retournons à l’école. Première leçon: notre institutrice nous raconte ce qu’elle sait du naufrage . La brume, la mer démontée et les écueils dans ces parages dangereux ont dérouté le navire. Nous sommes encore au temps de la navigation à vue: cartes, boussoles, sextants, feux des phares côtiers. En dépassant la pointe de Penmarch où se trouve le phare d’Eckmühl. La Nièvre se croyait déjà dans la chaussée de Sein, alors qu’il venait juste de passer la Pointe de Lervily.

C’est ainsi que ce navire s’est jeté sur les rochers de Pors Tarz.

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