Sur les traces d’Henry de Monfreid (9/9) adieu Yemen
Manaka est un magnifique village de montagne à 3.700 m d’altitude avec des maisons comme des forteresses. Des marches sombres aboutissent à une pièce au sol recouvert de tapis et de coussins. C’est l’hôtel du coin et nous ôtons nos chaussures pour déjeuner. Les toilettes sont un simple trou au bas duquel les chiens attendent leur pitance !
Retour sur Sanaa où nous retrouvons civilisation et douche.
Adieu Yemen, je garde de toi un merveilleux souvenir. Nous survolons pitons rocheux couronnés de villages, puis c’est un désert de roches basaltiques creusé de profonds canyons comme des rides dans le visage d’une vieille femme, ensuite un désert de sable, poudre d’or aux couleurs d’infini, serpents d’eau et de feu, tandis qu’au loin le ciel et la multitude des dunes se perdent en un poudroiement qui n’est plus tout à fait la terre et pas encore le ciel.
L’avion nous transporte jusque Damas pour une journée en Syrie. Nous en profitons pour visiter le souk et surtout la grande mosquée des Omeyyades avec un guide heureux de parler français, professeur de théologie, qui nous laissera ce message : « un bienfait, est toujours bon, s’il n’est pas reconnu par les hommes, il l’est par Dieu. Rendez à votre tour un service lorsque l’occasion s’en présentera et vous m’aurez remercié » nous dit-il en conclusion. Quel homme charmant et quelle belle conclusion à ce voyage. Qu’importe la couleur, qu’importe le pays, qu’importe la religion, seul le cœur de l’homme pourra le sauver de la solitude, antique malédiction prononcée contre Adam.
Presque sans transition, voici la méditerranée puis Chypre qui étale sa robe comme un arlequin endormi. La mer, voile de soie miroitant sous le soleil, reparaît de nouveau. Des sommets enneigés brillent sous le soleil, porcelaines brisées éparpillées sur des sillons qu’aurait creusé le bateau ivre de Rimbaud. (Je dois avouer que ce dernier paragraphe n’est pas de moi mais je n’en connais pas l’auteur.)