Photo de l’Arbre en métal de Holger Reineccius
Je ne peux résister au plaisir de partager avec vous les commentaires d’Arnold, venu par hasard sur mon blog, qui s’est donné pour tâche la préservation de l’histoire de l’Arbre du Ténéré avant qu’il ne soit totalement disparu ! Mais laissons lui la parole :
« Je suis un Canadien, jeune retraité de l’informatique, très actif et curieux, je lis beaucoup et j’adore le désert. Il y a trois ans, j’ai trouvé par hasard une photo sur Internet, dont le titre était « l’Arbre du Ténéré ». C’était la photo d’une structure métallique tubulaire très morne esquissant à peine un arbre portant quelques branches peu ramifiées.
Je connaissais bien l’Arbre du Ténéré vivant depuis ma tendre jeunesse. Je ne l’ai malheureusement jamais vu et pourtant il fait partie de mes rêves, il y est encore vivant, même qu’il fleurit !
Je savais qu’il était mort en novembre 1973. Le chauffeur qui a heurté à mort l’Arbre vivant était (dit-on) un Libyen qui conduisait son camion en marche arrière pour s’approcher du puits. Il y avait 200 passagers qui ont crié à l’unisson « Gare à l’Arbre ! » en 20 dialectes différents …
. Quant à l’arbre métallique, quand il a été trouvé abattu, un corbeau mort était attaché par les pattes à la structure avec du fil de fer et un câble de traction sectionné lui était aussi attaché.
Je connaissais l’importance de l’Arbre du Ténéré pour les voyageurs du désert et je savais qu’il était un symbole respecté et visité régulièrement. Je savais que c’était l’Arbre le plus solitaire de la planète avec rien autour sur des centaines de kilomètres. Je savais qu’il était célèbre dans le monde entier.
J’ai décidé de trouver grâce à Internet ce qu’était cet Arbre en métal et quel rapport il avait avec l’Arbre du Ténéré de mes souvenirs.
J’ai posé une multitude de questions sur une foule de forums, questionné gouvernements, ambassades, lu bouquins et revues, me suis fait des amis chez les touareg et suivi toutes les pistes dans le monde entier. J’ai pu ainsi reconstruire l’histoire complète, détaillée de l’arbre vivant et de celui en métal qui l’a remplacé, avec des témoignages des gens qui ont vécu les évènements. C’est une histoire saisissante. Des exemples de courage et de ténacité, des tragédies absurdes que seuls les grands déserts peuvent engendrer.
En ce moment, l’Arbre en métal lui-même est en très mauvais état. Il subit les assauts du désert depuis plus de 30 ans, tous ne l’apprécient pas et il a été malmené sauvagement à quelques reprises. Dans 5 ans, il ne restera plus rien que quelques rumeurs, toujours fausses pour la plupart. C’était pourtant une ressource touristique majeure du Niger et quelques milliers de visiteurs chaque année lui rendaient hommage en partant d’Agadez ou de Bilma :1 000 kilomètres minimum de pur désert.
Mon premier objectif est de préserver l’histoire de l’Arbre du Ténéré. Je ne veux pas qu’elle tombe définitivement dans l’oubli. Mon second, c’est de la faire connaître pour que cette ressource culturelle et touristique reprenne vie. Mais le moment n’est pas propice, le Niger est secoué par des troubles politiques, les Touareg sont pointés du doigt, l’Arbre du Ténéré en métal est vandalisé, on lui fixe un gri-gri, c’est un symbole Touareg, les touristes ont disparu. Non, le moment n’est pas propice, vraiment pas propice ! »
Je remercie Arnold pour toutes ces précisions et son engagement dans son beau projet et pour répondre à sa question : « Dans quelles circonstances avez-vous rencontré l’Arbre du Ténéré vivant », je répondrai : « C’était en avril 1969, au cours d’une expédition de Tripoli en Libye à Cotonou au Bénin, en traversant le Niger et le désert du Ténéré.