But ultime Kalapattar à 5.600 mètres (2/4)
Nous sommes récompensés en franchissant la porte décorée qui est la porte d’entrée de Thyangboche, suivie d’un chorten au toit doré.
Le monastère célèbre est là. . Je m’approche de la grande porte en haut des marches, entendant prières et gongs. Les moines sortent un à un, ils ont de bonnes têtes rasées et je les salue d’un namasté respectueux. Dans la grande salle, les murs, décorés de fresques, sont remplis de petites cases contenant de précieux manuscrits.
Les montagnes sont à nouveau cachées et les quelques maisons sont réparties sur un large plateau d’herbe rase. Dans la maison où je loge, il y a un feu dans la cuisine. Ici le feu et le soleil, c’est la vie. La nuit est glaciale, le ciel très étoilé.
Les yacks ont de la glace dans la barbiche au petit matin. A 4200 m un bébé vit auprès de sa mère qui lui donne la becquée, c’est-à-dire qu’elle lui mâche la nourriture avant de lui enfourner dans la bouche. La nourriture en pays sherpa consiste principalement en patates cuites à l’eau accompagnées de chang (bière) et de raki chaud (alcool de riz distillé) qui réconforte. Et puis il y a aussi les rations de survie des expéditions à l’Everest.
Nous traversons une maigre forêt où les rhododendrons rabougris et gelés ont triste mine et arrivons à Pheriche vers trois heures de l’après-midi dans une lodge .Toujours le même menu, riz ou patates. C’est lassant. Quelle vie rude mais quelle vue sur les sommets enneigés ! Ca se mérite. Je transforme le proverbe : « tant qu’il y a une volonté, il y a un chemin » en « tant qu’il y a un chemin, il faut une volonté pour le suivre » ! Soirée près du feu. Ici nous sommes à la hauteur du refuge Vallot et il y a des alpages avec des yacks .La nuit semble bien longue, malgré les chants des sherpas qui se réchauffent les mains en les tapant entre elles et en buvant du raki.
Il est conseillé de passer deux nuits consécutives à Pheriche, à 4000 m d’altitude pour s’habituer au manque d’oxygène et éviter le mal des montagnes (œdème pulmonaire qui peut conduire à la mort). A 5000 m il n’y a plus que 40 % d’oxygène et chaque pas est un effort, mais quelle récompense à l’arrivée au sommet.
Il en faut des forces pour affronter les dénivelées du chemin dues aux nombreux torrents qui coupent la montagne et qui emportent les ponts pendant les crues de mousson, les toilettes succinctes dans les glaçons des ruisseaux, les ampoules aux pieds, le froid vif et le vent sur les dernières pentes qui m’auraient presque fait abandonner la victoire à 200 mètres près, les doigts de la main gauche gelés, me faisant souffrir atrocement, si je n’avais pas découvert à mes pieds à ce moment précis, oh miracle, un seul gant de laine de yack pour la main gauche, m’allant évidemment comme un gant !