Il faut que je vous présente mon blogopote Didd que je connais bien puisqu’il habite près de chez moi. Avec une amie Gaëlle très sportive aussi, il vient de réaliser son rêve , relier la Pointe du Raz à l »île de Sein et aller bien au delà jusqu’au pied du phare d’Ar -Men, en ramant à bord de son doris Abadenn ! En trois jours, ils auront « avalé » 35 miles à la force des bras !
Pour voir le film, c’est sur son blog ICI
Ils avaient déjà été jusqu’à l’île de Sein en 2002 puis en 2008 , toujours au départ du port du Loch dans le Cap-Sizun, en traversant le raz de Sein réputé dangereux de par ses forts courants.
photo C. Leberre en 2008
Précisons que le phare d’Ar-Men est l’un des phares mythiques les plus connus, en raison de son caractère isolé, des difficultés considérables qu’a présentées sa construction et du danger qu’il y avait à relever son personnel. Les coups de boutoir portés par la grande houle pendant les tempêtes faisaient trembler tout l’édifice.
photo André
Voici son récit :
« Sein s’éloigne lentement dans notre sillage, on a l’impression de ramer sur un lac. Encore quelques coups d’aviron, un dernier effort et nous pouvons laisser glisser le doris…. Ca y est, nous y sommes, le phare d’Ar Men est là, à portée de main, but de notre voyage. Les cormorans occupent les lieux à la place des gardiens. Maintenant il faut songer à rentrer. Il est bientôt 18 heures.
Dans l’aquarelle du moment, Sein c’est le trait de crayon là bas dans l’est et le faible courant nous en écarte. D’abord rejoindre Namouic et puis se déjouer de toutes les têtes de roche, j’ai envie de suivre la chaussée parce que les courants traversiers sont faibles. Nous retrouvons Sein. Qui pourrait imaginer qu’un si petit doris vienne d’Ar Men. Un peu moins de quatre heures d’aviron, et pour moi de la fatigue et quelques ampoules, mais aussi un immense bonheur d’avoir réussi à concrétiser ce rêve. Ce soir repas à bord de Chouchen (c’est le voilier qui nous accompagne).
photo André
Demain il faudra penser à regagner le Loch. Cerise sur le gâteau, ce sera en passant par Tevennec, puis comme à l’aller, le phare de la Vieille, la Plate, Gorlégreiz, Trouziard, mais là le Raz a fini sa sieste. Le flot commence à bien s’établir, et c’est à plus de 5 noeuds, aidés par le courant, que nous passons Coumoudoc…..Dans notre tête la jolie balade est déjà finie…… «
Et voici un dernier petit mot de l’intéressé lui-même :
Merci pour vos commentaires, ils me touchent beaucoup. Cependant s’il y a un mot que je n’aime pas beaucoup c’est « exploit ». L’exploit c’est surtout les anciens marins qui le réalisaient au quotidien, quand ils devaient s’user sur les avirons de leurs lourdes chaloupes pour rejoindre Sein ou le continent par manque de vent, voire courant contraire. L’exploit c’est les marins iliens qui l’ont réalisé en construisant ce phare mythique qu’est « Ar Men » (15 ans de construction acharnée avec les moyens de l’époque, de l’herbe aurait poussé plus vite). L’exploit c’est tous ces marins qui fréquentent la mer pour simplement gagner leur vie, l’exploit eux ils le vivent au quotidien. Moi je n’ai rien fait de tout cela, par respect pour eux je n’aime pas trop qu’on utilise ce mot pour qualifier cette balade. Moi je n’ai aucune obligation, je choisis mon moment et mon heure (petit coëf de marée, bonne météo et horaire de renverse) J’ai toujours un bateau accompagnateur. Je fais ça parce que j’ai envie de retrouver ces endroits fréquentés en kayak, je fais ça pour réaliser des rêves (parce que ça pimente ma vie), je fais ça pour me donner un but (ça aide à passer les hivers), je fais ça pour ramener des images (surtout dans ma tête, et je les partage aussi), je fais ça un peu aussi pour promouvoir le doris (merveilleuse embarcation) et je fais ça surtout pour mon plaisir.
Didd