Afghanistan – les Bouddhas de Bamiyan – Mille soleils splendides de Khaled Hasseini
Je vous ai déjà parlé des Bouddhas de Bamiyan en Afghanistan. Sculptés dans une falaise au Vème siècle, le plus grand des deux mesurait 53 mètres et le second 37. Je viens de découvrir une description fabuleuse de cet endroit exactement comme je l’avais ressenti lors de mon voyage en 1976.
Je vous recommande chaleureusement de lire : « Mille soleils splendides » de Khaled Hasseini dont voici l’extrait se rapportant à Bamiyan.
« Elle n’oublierait jamais un spectacle aussi magnifique. Les deux bouddhas étaient gigantesques. Taillés dans une falaise écrasée de soleil, ils les toisaient, de même qu’ils avaient dû toiser les caravanes qui traversaient la vallée deux mille ans plus tôt, en suivant la route de la soie. De chaque côté, une myriade de grottes trouaient la paroi rocheuse.
La montée fut difficile pour Tariq, qui dut s’accrocher à Laila et à Babi afin de gravir les marches étroites et mal éclairées menant au sommet. Au passage, ils aperçurent des cavernes plongées dans la pénombre et des tunnels qui partaient dans tous les sens. A certains endroits, l’escalier donnait sur le vide.
Au fur et à mesure qu’ils avançaient, Babi leur expliqua que Bamiyan avait été un centre bouddhiste prospère jusqu’au IXème siècle, époque où la région était tombée sous le joug arabe. Les falaises de grès abritaient alors des moines. C’étaient eux qui avaient creusé toutes ces grottes et peint les magnifiques fresques à l’intérieur. Ils les utilisaient comme habitations ou comme sanctuaires pour les pèlerins fatigués. Ils étaient cinq mille à vivre ici en ermites, à une époque.
Tariq était à bout de souffle lorsqu’ils arivèrent en haut des marches. Babi haletait lui aussi, mais ses yeux brillaient d’excitation.
Nous sommes sur la tête du bouddha, dit-il en s’essuyant le front avec un mouchoir. Il y a un endroit par là-bas où on a un beau panorama.
Ils s’avancèrent avec précaution et, côte à côte, ils contemplèrent la vallée.
La vallée de Bamiyan s’étendait à leurs pieds,, tapissée de champs de blé vert, de luzerne et de pommes de terre. Les parcelles étaient entourées de peupliers et traversées de cours d’eau et de canaux d’irrigation au bord desquels de minuscules silhouettes accroupies lavaient le linge. Babi leur montra les rizières et les champs d’orge qui recouvraient les monts alentour. C’était l’automne, et les habitants vêtus de tuniques aux couleurs vives mettaient leur récolte à sécher sur le toit des maisons. La route principale qui traversait Bamiyan était bordée de peupliers elle aussi. De chaque côté s’alignaient des échoppes, des salons de thé et des coiffeurs pour hommes. Plus loin, au-delà de la ville, se dressaient des contreforts montagneux, arides et d’un brun poussiéreux, et plus loin encore, les sommets enneigés de l’Hindu Kuch.
Le ciel était d’un bleu immaculé. Tout est si calme, souffla Laila. Elle distinguait bien des moutons et des chevaux dans la vallée, mais leurs bêlements et leurs hénissements ne parvenaient pas jusqu’à eux.
C’est toujours le premier souvenir qui me vient à l’esprit quand je pense à cet endroit, dit Babi. Le silence, la paix. Je voulais que vous connaissiez cela, vous aussi. Mais surtout, je voulais vous faire prendre conscience du fabuleux héritage culturel de votre pays. »
photo du net
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Un héritage fabuleux qui a été détruit en 2001 par les Talibans sous le couvert que ces statues faisaient insulte à l’islam., ! Et l’Unesco aura beau récupérer les morceaux, rien ne pourra les faire revivre hélas.