La Bérarde, village montagnard (3/3)
De retour à la Bérarde, il règne dans le petit village, calme d’ordinaire, une animation intense vers les trois, quatre heures de l’après-midi, moment pathétique du départ vers les refuges. On vérifie une dernière fois son sac dans la rue, pour y ajouter le paquet de raisins secs ou le saucisson achetés au dernier moment. On installe par-dessus la corde pliée en écheveau. On renoue un lacet desserré.
Décor de théâtre grandiose où les figurants s’agitent derrière le rideau avant de participer à une véritable action sous les feux du ciel, orchestrée par le souffle du vent , le roulement du torrent ou les éclats de l’orage et l’écho de ses accords. Les fauteuils d’orchestre se payent cher, meilleures places réservées aux vainqueurs, à ceux qui ont lutté avec le plus de force.
Au coeur du village, des affiches apposées sur le mur de « la maison du campeur » indiquent le programme, résumé de courses à faire :
Refuge Temple-Ecrins, 2410 mètres, 2h 30, 80 places ;
Refuge de la Pilatte, 2580 mètres, 3h 30, 80 places, « le plus beau refuge des Alpes » ;
Refuge du Châtelleret, 2225 mètres, au pied de la Meije, 2 h, 30 places ;
Refuge du Promontoire, 3093 m, 5 h, 16 places, non gardé.
De là, chacun part dans la direction qu’il a choisie. Les caravanes s’allongent sur le sentier du Plan du Carrelet. On peut les suivre longtemps des yeux.
Un autre grand moment de la journée se situe vers les onze heures et demie, heure d’arrivée du car venant de Grenoble, apportant le courrier, les journaux, le ravitaillement et débarquant son chargement de touristes et de varappeurs. Comme l’heure du déjeuner n’est plus loin, tout le monde se retrouve tassé et entassé tant bien que mal dans les deux seules boutiques étroites. On vend de tout à la Bérarde. Des lames de rasoir ou des crèmes solaires voisinent avec les paquets de bonbons, le fil à coude et les confitures avec les livres de technique alpine, les grappes de raisin avec les chaussettes et les cordes de nylon. On peut même acheter un charmant petit chalet inoccupé pour un prix dérisoire avec pour prime les cimes zébrées de blanc, les vallons déserts, les murailles fauves, les clartés du ciel ! Les touristes se jettent sur les souvenirs, les campeurs viennent chercher leur viande ou leur pain retenus à l’avance. C’est l’affolement, la bousculade. De gros souliers écrasent des orteils sensibles dans une bonne humeur générale (pas toujours).
L’épicerie à l’autre bout du village, est un peu moins fréquentée. Elle est tenue par la veuve d’un grand guide bien connu, petite vieille rabougrie par les dures années, les heures d’attente, les inquiétudes, une vie de labeur obscur. Je la vois nous dire de sa voix chevrotante : « mon mari, c’était un bien brave homme, un bon guide, bien prudent, vous savez. C’est triste de rester seule ». Ses mains tremblent en me tendant le pain d’épices. Elle recompte l’addition à voix haute en hésitant un peu.
Au bureau des guides, qui n’a pas dû changer depuis que nos arrière-grands-pères chassaient le chamois, un gros personnage vend des journaux. J’espère que ce ne sera pas lui qui nous mènera sur les cimes ! La vue des feuilles noircies d’écriture nous remet en mémoire bien des choses que nous nous hâtons d’oublier. Travail, clients, soucis de chaque jour, ne venez pas troubler notre douce quiétude.
Le pot d’edelweiss aux trois-quarts vide, déposé sur le sol devant la chapelle, et la sébile remplie de pièces de un nouveau franc, témoignent de l’ardeur des visiteurs à s’emparer de ces fleurs symboliques. Rien ne vaut pourtant celles que l’on a cueillies soi-même.
Quelle joie de les découvrir pour la première fois, nichées au creux de la roche, ou sur des escarpements inaccessibles. Près du glacier du Chardon, j’ai longé la base des barres rocheuses dans les herbes glissantes et les cônes d’éboulis. J’allais abandonner mes recherches lorsque j’ai aperçu un pied – huit fleurs penchées sur le vide – d’une grandeur extraordinaire, loin de ma portée. Je me suis hissée le long d’une dalle verticale en me tenant aux touffes d’herbes et à genoux sur un petit replat, les ai cueillies précieusement, brin par brin pour ne point en arracher la racine. Elles sont là parmi tous les souvenirs que j’aime, mais rien ne pourra remplacer la vision de ces fleurs fraîches épanouies, se balançant sur un fond de ciel bleu.
J’espère que ces quelques lignes vous convaincront des merveilles de l’Oisans et que l’année prochaine vous irez tous à la Bérarde.
Ah non ! Pitié pour les nuits dans les refuges. Pour accéder au bat-flanc supérieur et y trouver place, cela deviendrait bien du VI sup …
La montagne c’est bien beau, mais j’ai quand même failli y laisser ma vie !
Voir ces liens :
http://danae.unblog.fr/tag/montagne/
http://danae.unblog.fr/tag/montagne/page/2/
Hello Danae
Je suis désolé de ne pas resté pas trop longtemps , j’ai beaucoup de choses à préparer … c’est l’anniversaire de soso aujourd’hui. Alors il y a les enfants et les petits enfants qui viennent … je te souhaite un bon dimanche tres agreable.
bisous
pat
—> Salut Pat, je te laisse à ta famille aujourd’hui et je souhaite à Soso un très bon anniversaire avec beaucoup de cadeaux emplis d’amour de ses enfants et de toi ! Bises
Hello Danae
J’ai surtout beaucoup d’ouvrage sur le regionalisme local et une superbe mediatheque dans le village.
La montagne ne pardonne pas , si on est pas initié. Dans le Mercantour , on vient de trouver le corps d’un touriste italien disparu depuis un an …
J’ai appris la montagne depuis l’age de tres petit… et je sais ce qu’elle peut etre capable. Enfin ! rien ne vaut le conseil des bergers sur la meteo.
bisous et bon dimanche
pat
—> Hello Pat,
Tes posts sont vraiment très intéressants. Quant à la montagne, je connais bien car j’étais une passionnée d’escalade dans ma jeunesse, j’ai d’ailleurs failli y laisser ma peau. Lire dans la catégorie montagne sur mon blog ! Bises et bon dimanche à toi aussi
Ces fleurs attendaient le plus courageux qui veuille bien les cueillir et toi tu as été encore une fois la plus courageuse et tu as été récompensée. Je vois la photo du Pic très pointu : cela fait peur ! mais si je le voyais en vrai il serait tellement grand que ce serait impossible de s’empaler dessus.
—> Quelle idée, s’empaler sur la Dibona, ce sommet magnifique par son apparence ! Je l’ai grimpé deux fois par deux voies différentes et tout en haut c’est très impressionnant le vide autour ! Bon we Elisa
tu as ramené quoi comme souvenir un moniteur de ski
—> C’est ce que tu aurais fait, toi Raymonde !!!
Je découvre avec plaisir ton univers.
Amitié
Pierre
—> Je viens d’aller voir le tien, j’aime bien tes poésies. Amitiés Pierre
Oui, j’ai eu de la chance ce jour là, la crevasse n’était pas assez large pour me manger, mais je pense que je serai mal parti…3 jours plus tard, revenu chez moi, j’ai passé une radio, déchirement intercostal, douleur dans les côtes, je te dis pas…bise à toi danaé, oui, comme tu dis les femmes sont irremplaçables, et c’est difficile à vivre lorsqu’elles manquent…bonne journée…
—> Coincé dans une crevasse, oh quelle horreur ! Il parait qu’il faut verser de l’eau chaude pour vous sortir de là avant que tu ne sois transformé en glaçon !!! Tu l’as échappé belle et quelques petites douleurs ne sont rien à côté !!! Bises Pierrot, vaut mieux te tourner vers les femmes, c’est « plus chaud » !!!
Un petit coucou, chère Danaé, merci pour les tiens ! je rentre à Lyon ce soir mais pour revenir vendredi !
Je t’embrasse bien fort – Monelle
—> Moi aussi je t’embrasse bien fort chère Monelle !
les hauts pics sont…trop hauts pour moi ! sauf si je les regarde d’une hauteur plus raisonnable ! J’adore la montagne, et m’y sens bien, tes périples me semblent si déments !!! Tu as fait des choses extraordinaires !!!
—> Ooui je crois que souvent j’ai tenté le diable !!! mais les anges protecteurs étaient là. Bisous Cocole
Bonjour Danaë
Merci de passer me faire une visite! je suis confuse mais je n’arrive plus à trouver le temps d’écrire ni de surfer régulièrement! je n’oublie pas mes projets, ils commencent à prendre forme dans ma tête il faut juste que je me pose et que je transcrive! à bientôt Nicole
—> Tu n’as pas à être confuse, tu as tout le temps et tu sais que ton récit me fera très plaisir et sera certainement passionnant à lire. Je le relayerai sur mon blog. Bises Nicole
ouh encore des frissons! j’adore te suivre au long de tes escapades!
—> Je sens ton enthousiasme et ça me fait plaisir !
Bonjour, un petit bout de voyage avec toi .. et une bise.
—> Bises Ariaga, je suis bien heureuse de ta visite.
Bonjour Danaë
Je n’arrive plus à « assurer »! plus le temps de rien, j’espère qu’avec le printemps je vais retrouver du temps pour écrire (je n’ai rien oublié!), visiter les blogs amis et leur répondre!
le temps, le temps, on court toujours après et j’ai à écrire un texte « à la recherche du temps perdu »!!!
quelle ironie!
une nuit au ksar de Tafnidilt, c’est un cadeau projeté pour …un jour!!!bonne journée, bises Nicole
—> Oui je sais, on court toujours après le temps, qui passe si vite ! Je te souhaite une belle nuit dans ce ksar, je pense à la fin de l’année. Bises Nicole, rien ne presse pour l’arbre. Il ne disparaitra pas deux fois !
Coucou Dana
Belle mais dangereuse montagne…
Je ne paye pas chère ma place de cinéma : 4,50 euros !!! Chouette non ?
Des bisous du lundi
Béa kimcat
—> Je t’ai ressortie des spams ! ne t’inquiète pas. Oui ici les cinémas c’est plus cher . Bonnes vacances, profite bien du soleil. Bisous
Dans mon village, il y a quelques temps, on avait un authentique Suisse, qui cultivait ici, en Normandie des edelweiss ! pas besoin de risquer sa vie pour les contempler ! Mais c’est vrai que ce doit être incomparable « la vision de ces fleurs fraîches épanouies, nichées sur un fond de ciel bleu » ! Merci Danae pour ces beaux souvenirs…
—> Elles sont si belles ces fleurs dans leur véritable environnement, mais c’est vrai que ce serait dommage de risquer sa vie pour les cueillir. D’autant plus que au Zanskar, à 4000 mètres d’altitude, j’en ai vu des champs entiers !!!
bon moi je vous attends au refuge je ferais des croquis ou une aquarelle quoi que en quelles heures je peux faire une acrylique en tout cas je prendrais des photos
bon dimanche
—> C’est gentil de nous attendre. Je te vois bien prendre des photos pour ensuite peindre bien tranquillement chez toi. Bises du dimanche Raymonde
bonsoir
Mon petit passage chez toi dans ton monde mon moment de détente a moi c’est mon plaisir de visité les blogs douce soirée a toi demain j’ai du monde je passerais le soir bon dimanche bisous féerique Evy
—> Bon dimanche Evy, chacun a son monde, mais il fait souvent partie du domaine des rêves ! des bisous chère fée à la baguette magique !
un très joli partage
la petite épicerie ne doit pas faire un joli CA vu là où elle est placée
je te souhaite un doux weekend
bisous
—> Tu as raison Sonya, mais depuis ces années tout a dû bien changer ! Je te souhaite un bon dimanche. Bisous Sonya
J’ai aussi gardé longtemps une edelweiss que j’avais fait sécher dans un livre cueillie en 1967 au Chazelet … souvenirs … souvenirs.
J’aime lire tes souvenirs d’escapades. A une époque nous y retournions presque chaque année. Nous l’avons fait découvrir à des amis italiens Aurélie la gamine était avec nous.
Bisous
Mounette
—> Je vois que tu aimes bien la montagne, moi je la préfère à la mer, et tu vois j’ai atterri près de la mer !!! Bisous Mounette
je t’imagine, risquer de te rompre le cou pour aller cueillir les edelweiss, un trophée de plus dans ta collection !
quand je pense que tu t’inquiètes pour moi quand je suis sur la route en hiver … lol !
bonne journée, bises Danae
—> Mais oui c’est dangereux aussi la route en hiver, on risque de glisser et cela me ferait de la peine s’il t’arrivait quelque chose ! Bisous Pseud
Très dangereuse la montagne, une fois j’ai glissé sur un couloir de glace, sur une vingtaine de mètres, poignet foulé, pantalon déchiré par les crampons, et piolet perdu dans une crevasse, sans parler des hématomes dans le dos, etc……bisou danae, passe un bon week end…
—> Tu as eu de la chance de ne point suivre le chemin de ton piolet ! donc tu sais de quoi je parle ! Bisous Pierrot
Juste un petit coucou de Romans où je suis avec Chantal, je reviendrai lire plus tard !!!
Très bon W.E. à toi – gros bisous
—> Fais une bise à Chantal. et pour toi gros bisous. Bon we