Ma traversée du Tanezrouft (2/4) Reggan – Poste Weigand
Nous avons l’impression d’être le centre d’un morceau de planète rond comme une galette, une île de sable dans un océan de ciel. Nous sommes en plein Tanezrouft, ce lieu dont Pierre Benoît a écrit : » C’est le plateau par excellence, le pays abandonné, la contrée de la soif et de la faim. Rien n’est plus affreux que ce désert. » C’est bien ainsi qu’apparaît cette région qui sépare sur près de huit cents kilomètres les oasis algériennes des plaines verdoyantes du Soudan. Partout des mirages aux reflets métalliques. Mais ce qui n’est pas un mirage, c’est que nous traversons le Sahara, cette région dénommée désertique, sous la « flotte ». C’est plutôt inattendu d’y photographier de vraies flaques d’eau ! Gabriel, notre chef d’expédition, conduit sportivement à plus de cent à l’heure sur la piste mouillée balisée de bidons.
Chaque rencontre est un évènement qui nécessite un arrêt. Nous profitons de ces conversations amicales avec les berbères qui transportent des moutons dans leur camion, pour dégourdir nos jambes, malgré le vent qui emporte nos chèches et siffle à nos oreilles. L’arrivée d’un policier algérien chargé de surveiller le désert, est de beaucoup moins agréable. En plein milieu du Tanezrouft, à trois cents kilomètres de Reggan, il veut nous faire retourner au point de départ pour mettre un tampon soi-disant manquant sur nos passeports et pour nous y obliger met le passeport de notre chef dans sa poche ! Nous savons être en règle et Gabriel lui dit : « T’as pas le droit de prendre mon passeport, je n’irai pas à Reggan, je n’ai pas d’essence, rends-moi mon passeport » et là il fait le geste de le lui reprendre. Le policier, affolé, seul contre quatorze personnes, sort vivement son pistolet, enlève le cran d’arrêt et nous menace. Certains d’entre nous lèvent les mains en l’air. On s’oblige à quelques excuses et après un long tête à tête où l’on se demande quelle en sera l’issue, le policier se ravise, rend le passeport et … nous serre la main !
Nous repartons, les jambes un peu flageolantes et les langues déliées. Maintenant d’une voiture à l’autre, on joue au policier dans le désert : pan pan ! On roule jusqu’à la nuit tombée sur une piste uniformément plate. Dans le noir on a l’impression de longer un parapet avec face à nous une descente infinie vers laquelle nous plongerions. C’est vrai, le Sahara a déjà rendu des gens fous !
Premier campement dans les courants d’air du Poste Weigand entre trois murs couverts de graffitis. Mon rôle consiste à éclairer ceux qui travaillent. Préparation de la chorba, soupe très épicée à la sauce tomates avec des pâtes et du mouton. Montage des tentes igloos. Transvasement de l’essence depuis les grands fûts de deux cents litres dans les jerricanes. ( du muscatel est prévu pour celui qui amorce le tuyau !) Froid polaire. Le ciel est merveilleusement étoilé.
Une curiosité « subite » m’envoie sur le site des déserts, et pourquoi si longtemps après, c’est parce que je ne me rappelais plus le nom exact de ce désert algérien que j’ai traversé en 1986 avec une grande caravane (une centaine de personnes) de sportifs marathoniens en 4/4 partis en décembre 1985 de Paris Tour Eiffel mais surtout en courant donc à pieds par des relais de 20 km à chaque fois pour aller jusqu’à Dakar. Je n’ai jamais oublié tout ce que j’ai vu et vécu et surtout la fascination du désert (Régane, Tessalit puis Gao)… Peut-être sommes nous passés près du lieu de l’accident de W.B. Lancaster (?) sans le savoir… Les postes, Bidon V, tout cela me parle. Je n’oublierai jamais. je reviendrai souvent sur votre site. J’adore ! Merci. Danielle
—> Bonjour Danielle,
Je suis heureuse que mon blog avec tous ces articles sur le sahara, cet endroit si beau au monde, vous rappelle d’importants souvenirs. Une traversée du désert à pied ne peut s’oublier. Je suis en admiration pour ce que vous avez fait et je me dis que mes récits vous parlent davantage qu’à d’autres. Vous y trouverez aussi au Niger l’histoire de l’arbre du Ténéré avec un lien pour la revue . Je vous remercie d’aimer et aussi de connaître l’histoire de ce pauvre Lancaster. Amitiés.
Bonjour amie-voyageuse, la première photo on dirait qu’elle a été prise de l’avion ? Sont-ce des nuages ou bien du sable ou bien des mirages ? Comme toi, j’aime le désert. Je me suis promené en plusieurs déserts : le désert de la mort aux USA : fantastique, comme dans un film de solitudes et de quelque chose de solitaire. Et bien sûr, j’ai passé plusieurs journées dans le désert du Gobi, en Mongolie. Je me souviens pendant l’été 2007, nous nous sommes enfouis dans la sable… pour nous rafraîchir. J’ai bien reçu ton courriel et j’y réponds, un peu, ici, chez toi : tu sais dans mon prochain livre » Marrakech… », il y a certes la ville de Marrakech mais il y aussi Cuba et Taurize, toujours Taurize. Je l’ai écrit la même année que « Carnet d’Asies », en 2004. Mes lecteurs fidèles pourraient lire le livre ce printemps quand j’aurai validé les épreuves. Ton livre : tu peux le retravailler et adresser les épreuves à cette maison d’édition :
http://www.editeurindependant.com/
Si tu es retenue, EDILIVRE te le signalera. Tu peux adresser le manuscrit par mail. EDILIVRE publie à compte d’éditeur. Je pense que tu seras retenue : une écriture fluide, vivante, immédiate, grâce au présent de narration et un texte sans doute riche, grâce à tes périples, un peu partout sur cette planète ronde. Je te souhaite une bonne journée. Des poutous toulousains. Chris.P.S. : Le livre qui, à mon sens, illustre le mieux le désert et sa solitude : »Le désert des Tartares » de Dino BUZZATI.
—> Bonjour Chris, ami-voyageur, « frère de race » (comme tu l’as dit si bien)
Pour la première photo je dois avouer qu’elle n’est pas de moi car je n’avais pas de photo qui représentait cette platitude de sable comme est ce tanezrouft. Il me semble que sur le sol on voit l’ombre des nuages.
Je n’ai pas été dans le désert de la mort mais j’ai connu les grands espaces de californie et j’ai vu beaucoup de documentaires sur le désert de Gobi dont le pékin-express à la télé où il y avait des monastères bouddhistes qui m’ont interpellée (si je ne me trompe pas). Je vois que tu es aussi un grand voyageur avec une âme !
Merci pour les infos et les encouragements pour trouver un éditeur à mes récits. Je vais relire le désert des tartares.
—> Bonjour chère Danae,
Voyager à l’étranger offre certainement beaucoup de joie, mais il semble que le danger demeure présent à en lire le passage de ce policier aux comportements inadéquats et excessifs à mon goût. Sinon l’aventure et la beauté sont toujours au rendez-vous !
Bien tendrement, Jack qui t’embrasse.
—> Cher Jack
J’apprécie ta visite. Les paysages du sahara sont vraiment merveilleux, et mon ange gardien était sûrement présent !
Bien à toi , bises et merci
danae
toujours pleines de rebondissements et de surprises tes aventures,il faut avoir le coeur bien accroché quand on se trouve devant un policier qui après avoir voulu faire le caîd se met à paniquer…..sans doute voulait-il un bacchich?
vivement la suite et peut-être d’autres rencontres tout aussi insolitesmais que je souhaite moins stressantes….pour vous
bisous nade
—> Bonjour Nade
toujours là pour lire mes aventures nombreuses, merci et bisous
tes aventures sont formidablement racontées, il est bien difficile d’anticiper même la fin de journée!
Je vous imagine, après être repartis, jouer aux gendarmes et aux voleurs
—> Je crois que je t’amuse avec mes aventures, vraies, j’insiste bien
bisous