Sur les traces d’Henry de Monfreid (3/9) Sanaa
Nous établissons notre campement à l’hôtel Aslam, où les duvets seront les bienvenus sur des draps n’ayant plus de couleur. Une chance nous ne dormons pas sur la rue étourdissante de bruits. La fenêtre s’ouvre vers la mosquée et des terrasses où des femmes étendent du linge et discutent pendant qu’une flopée de chats rôdent. Les maisons de la ville sont de toute beauté, hautes parfois de onze étages. Elles sont en pierre de taille et en pisé joliment travaillé avec des arabesques, les fenêtres sont décorées d’albâtre et vitraux de couleur. Les gamins dans les rues sont beaux et dégourdis. Des femmes sont totalement voilées. Un chameau fait tourner un moulin à huile dans une pièce sombre.
Nous arrivons dans le souk après en avoir franchi la porte impressionnante et déjeunons, assis sur des coussins bas, dans une salle où les yéménites habituellement mâchent le kat et fument le narguilé. Ils chiquent dès le début de l’après-midi cette herbe euphorisante qu’ils pensent aphrodisiaque et on croirait qu’ils ont une flexion de joue tant est grosse la boule qu’ils mâchouillent avec des yeux langoureux.
Au menu : soupe verdâtre au bouillon de mouton gras, omelette piperade délicieuse accompagnée de grandes crêpes, viande de mouton bouillie, oranges, repas de luxe que nous payerons trois fois plus cher que les autochtones ! Pour le dîner ce sera purée de pois chiches dans l’huile. Le beaujolais du coin c’est l’eau minérale très onéreuse. Morts de sommeil nous nous écroulons sur nos lits et serons pourtant réveillés par le chant des muezzins se répondant à coups de hauts-parleurs plusieurs fois dans la nuit.
Nous avons acheté le couteau traditionnel que tous les hommes portent accroché à leur ceinture et sans lequel ils ne paraîtraient pas virils, la djambia, qui se rentre dans un fourreau de cuir ciselé d’argent.
Nous sommes quatorze, venus de différents clubs de plongée avec trois moniteurs et tout le matériel , bouteilles et compresseur afin d’être autonomes sur l’île.
Nous amenons un docteur qui a même tout prévu pour une amputation au cas où !
Voilà encore un billet fort intéressant.
Je vois qu’à cette occasion tu as su bien t’entourer j’espère quand même que personne n’a eu besoin de ses services!
—> Je te laisse vivre le suspense jusqu’au prochain épisode !
—> Bonjour chère Danae,
Le temps semble n’avoir pas eu d’effet sur la vie des gens, tant dans leurs manières de vivre que dans leurs comportements, ils restent ancrés dans une époque révolue où la tradition fait loi, mais puisque cela est leur style de vie, je peux le comprendre…
Bien amicalement, Jack.
—> Ce qui est dommage dans ce pays, c’est que leur drogue, le kat, anihile tout effort chez les hommes et que ce sont toujours les pauvres femmes qui ont tout le boulot (serais-je un peu féministe ? je le crois !)
Bonne journée, cher Jack
danae