Au Zanskar (4/5) bloquées à Rangdum
Arrivée à Rangdum à 10 heures. Grand cirque verdoyant à l’herbe rase avec au fond le monastère rouge sur un piton rocheux. Troupeaux de moutons, chevaux et yacks dans un paysage de hautes montagnes, avec glaciers, très sauvages, territoire très désert, très perdu, des milliers d’edelweiss, des ruisseaux ou petits lacs. Paysage d’Ecosse quand le temps se couvrant, le brouillard le recouvrit et que le vent se mit à souffler violemment.
Visite du gompa où je suis très bien accueillie par un vieux moine qui me prête son chapeau jaune et très crasseux pour honorer ma nouvelle religion. Geneviève louche sur un bidon de curd (yaourt) mais même le thé ne vient pas. Retour dans les bourrasques jusqu’à une tente plus hospitalière. Rien à manger. Nuit plus que glaciale à 4000 mètres. Geneviève ne peut dormir tant elle a froid et déploie son sac de survie en pleine nuit à la lumière de la lampe électrique. On croirait un cosmonaute !
24 juillet
Froid et vent toute la journée. Réussi à se laver, à faire cuire notre riz. Espérons camion demain pour repartir car nous n’avons plus de provisions, mais rien n’est sûr !
25 juillet
Jusqu’à 11 h 30 toujours pas de camion. Puis seulement une jeep avec trois hommes dedans. Nous nous précipitons et une fois dans le véhicule, nous sommes mortes de trouille. On est serrées au milieu de nombreux bagages. Geneviève me dit : « tu ne crois pas qu’il me touche le genou ? ». C’est elle qui risque le plus car elle est jeune et jolie. Si le moteur de la voiture ralentit, je crois que mon cœur va aussi s’arrêter. En effet le véhicule s’arrête mais à la hauteur d’ouvriers qui travaillent sur la route et qui nous offrent du thé et des pommes. Il s’avère que notre conducteur est l’ingénieur qui a construit la route et il nous offrira un repas à l’arrivée. On ne pouvait rester là-bas, moi malade et sans nourriture. On a été obligées de prendre un risque car il y avait sept heures de route à faire complètement déserte (en jeep c’était plus rapide qu’à l’aller).
Eh bien ça aguerrit tout ça quand même…
J’avoue que j’aime bien l’aventure mais dans un froid aussi glacial j’ai le sentiment qu’il s’agit surtout d’accomplir des taches de « base ».
Tu nous montre par là ta force de caractère et ta détermination, celle qui t’a permis d’avancer.
A bientôt pour de nouvelles aventures.
Amitiés
—> Béa, merci de tes visites.
Bientôt tu vas avoir très chaud en Afghanistan !
J’attends l’Afganisthan pour me réchauffer! Nicole
—> J’espère que tu m’y accompagneras ! Danae
—> Cher Jack
J’avais déjà six mois d’aventures quand je suis rentrée en France et … un mois plus tard je repartais pour le Japon !
Donc beaucoup de lectures encore, à commencer par l’Afghanistan.
A bientôt, je t’embrasse
danae
—> Chère Danae,
Je suis triste de l’apprendre, mais pouvait-il en être autrement ? Je n’ose le croire, car si le prix à payer de l’aventure est à ce prix, cela doit certainement enlever l’envie de recommencer, à bientôt quand bien même, ne serait-ce pour le plaisir de te lire…
Bien à toi, Jack qui t’embrasse.
—> Cher Jack
Encore merci pour ton accompagnement dans ce rude voyage mais pour la suite, ce ne sera pas la peine de te déplacer, ce sera constatation de mon hépatite et retour en France !
très amicalement
danae
—> Chère Danae,
La nature semble dès plus magnifique, surtout quand on se place comme moi derrière un écran à la contempler, toutefois je m’aperçois qu’au-delà de celle-ci, celle de certains hommes ne semble pas toujours à la hauteur de ce que nous sommes en droit d’espérer, mais je ne vais pas m’attarder sur un thé qui ne vient pas. Par contre, en poursuivant cette aventure, je constate que le climat à cette altitude est dès plus rude, qu’il est souhaitable d’être d’une bonne constitution physique si l’on ne veut pas en subir les conséquences. Cela semble très dur, il faut vraiment en avoir envie, mais quand on y est, il n’y a pas beaucoup de solutions pour déployer une envie de rentrer. Soulagement pour moi, tu ne sembles pas seule, aussi cela doit aider à vouloir poursuivre l’aventure. Quoique le danger peut exister, même à plusieurs, enfin, et ce, malgré la santé qui fait actuellement défaut, vous parvenez à continuer. Vraiment, quelle aventure chère Danae et quel suspens pour nous lecteurs…
Merci à toi d’être là pour nous la raconter, bien tendrement, Jack.