La vallée perdue du Zanskar (1/5)
19 juillet
Je vais profiter de cet arrêt à Kargil pour faire un check up à l’hôpital. Y aura-t-il de bons docteurs ? Sur le chemin je me heurte le petit doigt de pied si fort sur un rocher (je marche avec des tongs) que je crois m’être cassé l’os, tant je souffre. Le patron de l’hôtel me masse le pied ce qui me soulage un peu.. Je boitille avec un bâton jusqu’à l’hôpital. Je suis l’attraction de Kargil. On me fait une radio (l’après-midi parce que le matin l’électricité était coupée) et je repars avec un bandage, ce n’est qu’une foulure.
Pour ma fatigue je consulte un docteur charmant qui ne me trouve rien de grave, seulement de l’anémie à soigner par trois injections intraveineuses de vitamines dont il me fait la première immédiatement devant toute sa famille rassemblée. J’ignore totalement si la seringue était à usage unique. Le sida n’existait pas encore ou bien on n’en parlait pas.
Un jeune chauffeur de l’hôpital m’a trouvé un camion pour aller demain à Sankhu (lieu où je dois retrouver ma copine).L’hôtelier veut me donner une chambre au rez-de-chaussée pour que je n’aie pas à monter l’escalier. Je suis au tout début de la vallée du Zanskar dont la nouvelle route n’est ouverte que trois mois par an, le reste du temps sous la neige.
20 juillet
Départ très matinal à 5 h 30 pour Sankhu en pays musulman. Mon pied va mieux. Les gens sont sympa mais je ne vois plus que des hommes ! Dans le café où je m’arrête je demande une chambre chez l’habitant et l’un d’eux m’invite à visiter sa maison. J’ai besoin de me reposer et il me prête son lit qui se trouve dans sa cuisine, pendant qu’il lit très sagement le Coran. Il m’explique que c’est le sixième jour du ramadan et qu’il est difficile de rester sans boire et sans manger pendant quinze heures.
A l’hôpital personne ne peut me faire mon injection et l’on me mène à la maison du dentiste qui, après deux essais de piqûre intraveineuse ratés, me la fera en intramusculaire. Comme ce ne doit pas être prévu pour ça, je souffre au point de me trouver mal. Sa femme m’invite à déjeuner pour me remettre d’aplomb et je me régale de riz, petits pois frais, tomates et yaourt. C’est le ramadan, mais je suis là chez des bouddhistes.
Je retourne à « ma » maison où « mon » homme (26 ans) est en train de dormir sur « mon » lit ! Alors je fais la sieste sur le tapis. Puis nous allons pour une promenade dans les champs fleuris. Je fais un bouquet pour mettre dans un verre. Je vais à la rivière (gros torrent Zanskar) pour me laver. Pendant ce temps, il va acheter du mouton (beaucoup) et me confectionne un ragoût dont l’odeur flatte mes narines ! Mais nous devrons attendre 20 h l’heure permise pour prendre un repas. Il est adorable et ne sait que faire ni quoi m’offrir pour me faire plaisir. Il voudrait que je reste un an avec lui et m’achèterait de la viande et des pantalons etc. … Il travaille comme agent du gouvernement pour surveiller les récoltes mais en réalité n’a pas grand-chose à faire. Coût du charbon pour chauffer une pièce pendant l’hiver rude par moins 30°, 37 Rs par jour. Finalement il me donne son lit et couche dehors.
C’est génial comme tu écris ça… Tout simple pour de telles aventures ! Impressionnant…
Danae
Je commence ma lecture…
J’ai vu un film sur le Zanskar, parce que j’ai des amis qui y sont allés, et ont filmé
c’est impressionnant, j’ai vu des bus se croiser dans le film, y avait un des deux qu’était en partie dans le vide brrrrrrrrrrrr
Dis donc en plus malade comme t’étais, mais c’est fou ça, j’aurais bien eu trop la pétoche pour faire des trucs comme ça dans des pays (où j’aurais considéré les gens et les moeurs comme des sauvages, non je ne suis pas raciste, je suis pétocharde, c’est pas pareil lol)
Réponse : chère Zik, je n’ai pas choisi d’être malade à ce moment là ! et le voyage continue, tu verras !
J’avais attrapé une hépatite dans les houseboats au Cachemire car ils lavaient la vaisselle dans l’eau sale de la rivière.
Sinon je peux te dire que là c’est rien, tu pourras « être sidérée » seulement quand je raconterai l’Afghanistan ou bien mon Japon en stop . bisous
Remarque idiote.
Je pensais qu’en période de Ramadan, tout contact avec la nourriture était proscrit durant le jour.
J’attends de pouvoir lire la suite avec impatience.
Réponse : ta remarque n’est pas idiote car tu as entièrement raison mais mon hôte ne suivait pas de règles strictes. Il fallait quand même allumer la pièce à 2 h du matin pour faire semblant de se restaurer enfin.
Je t’embrasse. danae
après une semaine d’absence…je reprendsavec plaisir le récit de ton voyage mouvementé oh! combien…..
et toutes ces rencontres imprévues!!! Mais pour moi ce n’est pas le hasard,il y a dans toutes ces coïncidences un lien, un fil conducteur qui échappe à notre perception, mais qui existe en dehors de notre initiative je le crois fortement pour en avoir souvent fait l’expérience.
à part çà j’espère que tu es complètement remise,ménages-toi quand même…bises Nade
Réponse : je suis presque entièrement remise mais quand je relis toutes mes aventures, je m’aperçois qu’il fallait être plus jeune
pour s’engager loin de tout secours dans ces endroits perdus de l’himalaya. Je ne regrette rien. Bises.
—> Chère Danae,
Vous animez votre volonté avec beaucoup d’aisance et de force pour oser continuer ce périple qui semble contenir ses avantages comme ses petits inconvénients. En effet, à vous lire, il est nécessaire d’être de bonne constitution pour s’aventurer loin de son pays d’origine ; le climat, la nourriture, et bien d’autres choses semblent posées quelques petits soucis, et à ne pas y faire soin, il peut être risquer de satisfaire une soif bien palpable chez vous de se confronter à d’autres environnements. Malgré tout, je m’aperçois que l’accueil est toujours dès plus hospitalier, cela est bien et doit certainement contribuer aux plaisirs de se noyer dans des décors différents des nôtres…
Merci à vous pour cet instant d’évasion, à très bientôt, Jack qui vous souhaite une douce soirée.
Réponse : Merci Jack pour ta fidélité.
En effet les rencontres en chemin font oublier les petits inconvénients et le plaisir de découvrir d’autres horizons est le plus fort surtout quand il s’agit de pays montagneux où le ciel est pur de toute pollution. Exploratrice, j’aurais aimé être, ce sera peut-être pour ma prochaine vie !