Les voyages de Danae au Sahara, en Asie et ailleurs

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Voyage dans le souvenir – à Nîmes pendant la dernière guerre

Classé dans : non classé — 17 mai, 2008 @ 7:15

jardin de la fontaine   moi petite fille

 

Ce récit est l’histoire de ma famille pendant la dernière guerre, vu par la fillette que j’étais et écrite pour  ma petite fille à la demande de son collège pour que les enfants d’aujourd’hui n’oublient pas les jours sombres que nous avons vécus.

Au début de la guerre mes parents se sont réfugiés à Nîmes, en zone libre,  dans un petit studio dont la fenêtre donnait sur une cour carrée et pour voir le ciel il fallait se pencher.

Mon père avait trouvé un modeste emploi de comptable au fond d’un garage. Ma mère ne travaillait pas et nous n’avions pas beaucoup d’argent . Elle s’occupait de moi lorsque je n’allais pas à l’école.  J’étais fille unique, j’avais dans les 7 ans et pour m’habiller elle me confectionnait des vêtements dans de vieux habits.

Il y avait des tickets de rationnement et pas grand-chose à manger quand on ne pouvait pas s’acheter du beurre ou un poulet au marché noir, seulement des haricots verts ou des cerises quand c’était la saison. J’étais très maigre et l’on m’avait promis un vélo si je grossissais. Petit vélo que j’ai fini par avoir avec lequel je faisais le tour des arènes de Nîmes. Nous n’avions pas de voiture et très peu de gens en avaient en ce temps là. Je me promenais avec maman jusqu’au jardin de la fontaine où il y avait une grande tour qui dominait la ville, ou bien pour prendre l’air on allait s’asseoir sur la terrasse sur le toit de la maison avec l’accord des propriétaires.

Mon père devait quelquefois aller garder les rails du chemin de fer la nuit afin que personne n’y pose une bombe, s’il y avait eu attentat, il aurait pu être fusillé et à chaque fois c’était l’angoisse pour mes parents.

La sirène retentissait souvent aussi bien le jour que la nuit et l’on se précipitait à la cave pour se mettre à l’abri des bombardements des avions alliés. On dormait presque tout habillé et je n’oubliais jamais d’emmener ma poupée et surtout ma … tirelire. On se retrouvait dans l’obscurité avec les gens de l’immeuble, éclairés juste par une bougie et pour passer le temps ou ne pas entendre les explosions on chantait fort.

Un certain jour, il y eut 300 morts d’un coup si bien que le lendemain depuis un balcon nous avons pu suivre le long  et triste défilé de tous ces cercueils.

Comme il n’y avait plus rien à manger, mes parents m’ont envoyée à la campagne en Normandie chez une tante où l’on pouvait mieux s’approvisionner dans les fermes alentour.

J’allais à l’école dans le village. Il n’y avait qu’une seule classe pour petits et grands, filles et garçons mélangés et le maître était sévère. Je n’étais pas toujours sage et je me souviens une fois avoir dissipé les élèves en  embrassant un garçon (sur la joue) pendant le cours,  ce qui me valut d’être mise au pain sec et à genoux les mains sur la tête au fond de la classe un certain temps !

 J’y suis restée six mois, c’était long loin de mes parents, jusqu’à la libération par les américains. Je les ai vus entrer dans le village dans leurs jeeps et nous étions, nous les enfants, joyeux de leur sauter au cou et de quémander quelques chewing gum !

Je ne peux résister à vous faire connaître ce que m’a écrit ma petite fille , à la suite de sa rédaction sur ce sujet : « La maîtresse m’a dit en rendant les copies
  – alors, là, Manon … c’est très bien raconté,  (forcément puisque c’est toi qui l’a écrit !)  j’espère que ce n’est pas un texte copié sur internet ! Je veux bien croire que c’est l’histoire vraie de ta famille. «   et ça se termine par un gros OUF !

 

 

 

 

12 commentaires

  1. béa kimcat dit :

    Danae
    Poignant ce témoignage de ta petite enfance en pleine guerre bien écrit par ta petite-fille Manon…
    J’ai lu aussi les commentaires… notamment ceux de Chris… qui parle de barbara…
    Bisou mon amie
    Béa kimcat

    —> Le récit c’est moi qui l’ai écrit, pas Manon. Manon l’a recopié pour son devoir et elle a eu une bonne note !
    bisou amie, à +

  2. Chris-Tian Vidal dit :

    Très Chère Danae, ce texte est très beau et ne m’écris plus pour me dire que tu n’écris pas avec sensibilité ! Un petite sourire alors que peut-être tu écoutes « Mon enfance » que je termine de réécouter : tu dormais avec ta tirelire car tu pensais à économiser pour tes voyages ! Voilà le secret ! Mon père est né dans une famille pauvre à Taurize en 1940, en pleine guerre. Sa maman n’avait pas beaucoup de lait aux seins et il a grandi au lait de chèvre ! C’est une génération, qui comme toi, a été mal nourrie au départ. C’est ainsi. Tes parents se sont réfugiés à Nîmes pendant la dernière guerre et où donc es-tu née ? Je trouve que la chanson de Barbara s’inscrit bien dans l’atmosphère de ce billet du souvenir. Quel beau travail de mémoire que ton blog et hier, en me promenant et en pensant à cet article dont tu me suggérais la lecture, je me disais que c’était aussi, ce blog, un voyage dans le souvenir de l’enfance ! Elle dort tranquille ton enfance. Bisous doux et prends soin de toi. Chris-ami.

    —> Cher Chris, je te remercie pour tes compliments qui me touchent et aussi pour le petit clin d’oeil sur la destination de la tirelire ! Ce récit sur mon blog est le seul qui parle de mon enfance. Je suis née à Paris dans le 17ème arrondissement puis après Nîmes nous avons habité Colombes qui est dans la banlieue parisienne à dix minutes en train de la gare St Lazare.
    J’avais attrapé le chaud accent nîmois du midi ! Dis-moi s’il y a un accent particulier à Toulouse ? Mon enfance est bien lointaine et la chanson de Barbara me l’a réveillée.
    Bisous doux mon ami.
    danae

  3. Chris-Tian Vidal dit :

    Mon enfance ! Quand j’enseignais en lycée, il y a une dizaine d’année, je ne manquais pas de faire étudier « Mon enfance » à mes élèves de 1° et de 2°.
    Mon enfance
    de Barbara
    Album: Le soleil noir
    Les élèves aimaient !
    Je me dis que plutôt que de t’adresser les paroles, je préfère que tu écoutes cette magistrale et poignante chanson qui me donne les larmes aux yeux et dont je sais que tu aimeras.
    « Et c’étaient les mêmes odeurs
    Et j’ai laissé couler mes pleurs…
    Vous ma très chérie
    O ma mère
    Où êtes-vous donc aujourd’hui ?…
    Hélas… ».
    Barbara repose en paix avec sa mère au cimetière juif de Bagneux.
    http://www.clipzik.com/barbara/mon-enfance-live.html

    —> Je te remercie de trouver toujours une chanson qui s’adapte à la situation et celle-ci est très belle, très triste aussi. Elle m’a beaucoup touchée, c’est vrai pour les larmes aux yeux. Je lirai le livre que tu as écrit sur Barbara quand il sortira. Je suis sûre que tu es un bon professeur qui sait intéresser tes élèves avec des textes modernes.

  4. Chris-Tian Vidal dit :

    Ma douce, merci de ce récit, avant de le commenter, je voulais t’offrir ces mots de la chanson de Barbara, « Mon enfance » et un lien où tu pourras entendre chanter la chanson. Barbara était juive et elle s’est réfugiée, avec sa famille à Montauban. Barbara, une grande dame pour qui j’avais beaucoup de tendresse. La famille c’est beau et effet, j’aime beaucoup mes parents ma sœur et mes neveux ! Bisous doux.
    Clic :
    http://www.dailymotion.com/video/xlqm8_barbara-mon-enfances_music

    —> Pour la chanson de Barbara, je t’en parle sur l’autre commentaire et je t’en remercie .
    C’est beau en effet une famille unie, ce n’est malheureusement pas toujours le cas. Je suis contente pour toi que tu sois bien entouré. Bonne soirée et bisous.

  5. Chris-Tian Vidal dit :

    J’ai trouvé… Chut, je vais lire !

  6. zikperso dit :

    J’aime bien le commentaire de Manon lol

  7. nade dit :

    l’histoire de ta petite Manon me rappelle une du même genre: notre petit-fils Julien avait eu un devoir à faire sur la résistance quand il avait 12ans (il en a 29 à présent! çà passe..)il est donc venu voir son grand-père et ils ont fait le devoir ensemble; bien sur la note avit été bonne mais ce qu’il était très fier de rapporter c’est les paroles du professeur « quand on la chance d’avoir un grand-père qui a vécu tout çà il faut le faire parler et encore parler! »

  8. tu ravives là de bouleversants souvenirs.
    enfant du baby boom, je n’ai pas connu la guerre, mais mon père était réfugié lorrain et dans le maquis, et nous habitions tout près d’oradour sur glane… aussi, cette mémoire là, je la connais bien!
    marie.

  9. ~Bonsai~ dit :

    merci d’avoir sorti tes souvenirs Danaé…

    On a tous notre histoire…à transmettre aux plus jeunes.

    @+
    ~Bonsai~

  10. Manon =) dit :

    Ma professeur ne m’a toujours pas rendu ma copie mais je te fais signe dès qu’elle me la rend !!!

    Gros bisous

  11. monalisa dit :

    Bonjour danae,

    Merci pour ta visite, je rêve en me promenant de pages en pages!
    bises
    isabelle

    Dernière publication sur le quotidien de la vie et des gifs : DEJA UN AN

  12. vink dit :

    Un morceau de vie bouleversant et chargé d’histoire qui fut celle de millions de Français pendant la guerre. Mon père m’a souvent raconté l’exode petit sur les routes de campagne, les queues inteminables pour un bout de pain, les rutabagas, le bruit des bottes germaniques sur le pavé … bref une époque comme tu le dit à ne pas oublier pour comprendre la chance que nous avons d’être libre !

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